3 mars 2011

Apericena : Turin dans mon assiette au Miroglio caffè

Le Miroglio caffè, c’est une petite enclave italienne qui se terre au cœur du gris gris quartier des Halles : coincé entre un kebab, un stand de vêtements indiens et une boutique de souvenirs so kitsch, il faut être attentif pour le voir. Mais une fois le seuil franchi, un vague sentiment de dépaysement se fait sentir, ça ne ressemble plus à ce qu’on connait à Paris : plus aucun doute, on est bien dans un bar à l’italienne.

Et quand je dis à l’italienne, c’est un abus de langage : non, en fait il s’agit ici d’un bar comme à Turin, ville capitale du Piémont, si particulière que certains vont jusqu’à dire qu’on n’y est plus en Italie mais dans un pays à part entière.

Je perds toute objectivité quand je parle de Turin, vous pouvez donc tout à fait mettre ma parole en doute quand je vous dis que c’est une ville magnifique, discrète et gourmande. En revanche, il est notoire que Turin est la ville des cafés et des bars : les établissements historiques, raffinés et confortables, pullulent. De Baratti & Milano au Caffè Fiorio, pour n’en citer que deux, on peut se prélasser à toute heure du jour, en commençant par un cappucino ou un ‘bicerin’ (boisson chaude typique de Turin, surperposant café, chocolat et crème), suivi d’un sandwich ‘tramezzino’ ou d’une bonne glace, pour attaquer ensuite l’apericena une fois le soir venu.



L’apericena, c’est une véritable institution turinoise qui a maintenant envahi le reste de la botte. Il s’agit de faire d’une pierre deux coups pour l’apéritif (aperitivo) et le dîner (cena) : en Italie, pour le prix d’un verre d’apéritif, de vin, ou un cocktail, vous aurez accès à un buffet A VOLONTE – oui oui, vous avez bien lu – garni, selon le bar, d’une quantité  de plats de légumes marinés, quiches, pâtes, charcuteries, fromages, et autres antipasti divers et variés. Autrement dit, pour moins de 10euros, on boit et on dîne copieusement. C’est accessible à tous, c’est convivial, interactif et informel, chacun se débrouille avec son assiette et son estomac, on se sert, on se ressert, (on se re-re-sert) (enfin je veux dire, euh… si on veut se re-re-servir, on peut, et personne ne fait les gros yeux !), on engage la discussion avec les autres personnes autour du buffet, et tout le monde est content. L’été, à l’heure de l’Apericena, les terrasses des bars en Italie sont pleines à craquer de jeunes et moins jeunes sirotant un verre et grignotant les spécialités culinaires du buffet de tel ou tel établissement. La concurrence est rude : les clients comparent la qualité et la quantité des mets proposés d’un bar à l’autre et se passent le mot. Ces Apericena sont partout, du banal bar de quartier au bar lounge ultra ‘in’ où les jeunes hype passent avant d’aller à la discoteca. Certains bars vont même jusqu’à ne proposer que cette formule.  J’avoue qu’une fois de retour en France, il y a bien de quoi faire la tronche devant la maigre coupelle de cacahuètes cra-cra du bar parisien.

Ce qui me ramène donc au Caffé Miroglio : imaginé par la patronne turinoise Marina Miroglio comme une réplique exacte des bars turinois à Paris, vous pourrez y découvrir les boissons chaudes turinoises en journée, et le soir trainer entre amis autour d’un apericena.
Certes, le tarif est plus proche des normes parisiennes… mais ça reste très correct. Selon la boisson que vous prenez, le prix de l’apericena varie : par exemple, pour une bière, ce sera 12euros ; pour un verre de vin Prosecco, ce sera 14euros ; pour un méga cocktail avec des grosses brochettes de fruits frais, c’est 18euros. Et avec ça, zou, en route vers le buffet à volonté pour remplir votre écuelle.

Les plats sont tous faits sur place et varient au fil des jours, mais grosso modo, on peut compter tous les jours sur les légumes marinés, les pâtes, les quiches, les gratins et la charcuterie.


Le Miroglio caffè est tenu par des italiens, de la salle à la cuisine. La clientèle est variée mais compte pas mal d’italiens, ce qui est toujours bon signe. Le décor est rococo, et même si on est quand même loin du baroque turinois, les gros lustres, les petits fauteuils ronds, les grands miroirs et la vitrine à pâtisseries ‘come a Torino’ mettent à l’aise. Le service est sympathique et patient, j’ai testé – ben oui, la carte est longue et il faut du temps pour tout décortiquer !

En bref, il n’y a pas de quoi se précipiter dès ce soir au Miroglio caffè pour son Apericena, mais le bar est sympa et agréable, et l’Apericena est tout à fait correct et a le mérite d’être le premier en son genre à Paris. J’espère que ça donnera des idées à d’autres personnes !

Miroglio Caffè : 88 rue Saint Martin, 75004 Paris - Tél. 01 42 71 21 24
  

Guillemette.
Illustration : marion.lyonreufflet@gmail.com

3 commentaires:

  1. Je vais passer le message à un nostalgique de l'Italie que je connais à Paris! Lui, c'est plus Milan que Turin mais je suis sure que ça compte quand même...

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  2. Je crois savoir de qui tu parles, et je crois bien qu'on s'était fait un apericena tous les 3 à Milan, en compagnie de nombreux moustiques, non??? :)

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  3. Les moustiques s'en souviennent encore!

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