18 mars 2011

Obsession Macarons

Comme chaque année depuis maintenant 6 ans, le 20 mars, donc ce dimanche, c’est la Journée du Macaron. J’imagine que vous ne le saviez pas, et que ça ne vous a pas empêché de dormir sur vos deux oreilles pour autant depuis toutes ces années.

Et pourtant, ce petit sandwich de biscuit à l’amande garni de préparations plus originalement parfumées les unes que les autres, en version technicolor fluo, a bouleversé le paysage sucré en un rien de temps. Les vitrines des pâtisseries-boulangeries, le rayon cuisine des librairies, les écoles de cuisine, les boutiques d’ustensiles, les émissions télé : le macaron est partout et n’échappe à personne. 

Craquant mais fondant à la fois, moelleux, délicat mais intense en même temps… tout le monde le connait, et d’ailleurs, le monde entier nous l’envie. Les marmitons de tous pays rêvent d’en réussir des parfaits dans leur four maison, Sophia Coppola les met dans la bouche de sa Marie-Antoinette, et  Ladurée et Pierre Hermé ouvrent des boutiques à l’autre bout de la planète, tandis que des gourmands et gourmets viennent de l’autre bout de la planète en pèlerinage dans la capitale pour découvrir ce petit bijou sucré. Et quand je dis pèlerinage, je n’exagère pas, j’en ai la preuve jour après jour. Bref, il est évident que peu de pâtisseries sont devenues de véritables stars internationales comme le macaron.

Et pourtant… les origines du macaron sont bien modestes. Avant de devenir un sandwich snob parisien, le macaron était un unique biscuit à l’amande, pas forcément très esthétique, et il avait une origine royale légendaire (importation d’Italie par Catherine de Médicis parait-il) et  des ancrages territoriaux forts : macarons de Nancy, de Saint-Emilion, de Commercy, entre autres… Puis un descendant du fondateur de la maison Ladurée en a fait sa lubie, et l’a retravaillé en lui attribuant les particularités qu’on lui connait aujourd’hui. C’est ensuite Pierre Hermé, le génie, le roi, le Picasso (sic) de la pâtisserie, qui l’a porté vers le succès interplanétaire actuel.

Et maintenant, il suffit de jeter un œil même blasé aux vitrines des boutiques pour se rendre compte de la surenchère qui entoure ce petit bijoux chic et (généralement) comestible : couleurs et ‘toppings’ toujours plus accrocheurs, et parfums qui atteignent les limites du raisonnable (truffe blanche, foie gras sans oublier le macaron à la Saint-Jacques curry… No comment), tout est bon pour se différencier du voisin. Quitte à oublier que finalement, le macaron, ça ne devrait pas être vraiment autre chose qu’un biscuit à base d’amande.
Alors voilà, ce petit post en l’honneur de la fête du Macaron ne sera pas l’occasion de vous faire partager une énième recette de macarons en ligne : une bonne partie de la blogosphère s’en charge déjà, et en cherchant bien je suis persuadée que vous vous débrouillerez comme des chefs.

Ce post est surtout là pour faire passer mon message d’impatience. Car oui, les macarons, c’est beau, c’est pas trop mauvais en général, même si je pourrais passer des heures à vous commenter les variations de fondant, de moelleux, d’intensité de parfum, de texture et de sucrosité de la garniture… Et puis le macaron, ça a une sacrée allure, avec un petit côté Haute Couture qu’une chouquette ou un sablé n’attendra évidemment jamais.

Mais quand même, le macaron, c’est pas passionnant, c’est finalement presque écoeurant, c’est élitiste, alors voilà, je lance un appel aux organisateurs de la Journée du Macaron – oui, donc là je lance un appel à Pierre Hermé en personne. Je lance un  appel provoqué par l’ennui, l’impatience, la routine, la lassitude. Je lance un appel à l’arrêt de l’organisation de la Journée du Macaron. Ou alors à l’organisation d’une journée officielle pour chaque pâtisserie. Parce que après tout, y’a pas de raison de mettre en avant une pâtisserie et pas une autre. Le macaron, cette petite bombe énergique, ne manque absolument pas de médiatisation et n’est pas plus intéressant que les nombreuses autres pâtisseries.

Alors, ensemble, unissons nous contre cette campagne de communication et ce matraquage quotidien autour du macaron, et unissons-nous en un mouvement de rébellion pâtissière : boycottons les macarons et jetons-nous sur tout le reste ! N’oublions pas la richesse de la pâtisserie, et faisons des Paris-Brest, achetons des Fraisiers, mordons dans des Mille-Feuilles, et cessons cette obsession du sandwich sucré coloré.

Guillemette.
Illustration : marion.lyonreufflet@gmail.com

3 commentaires:

  1. Ahhh dans mes bras! ^_^
    C'est fou comme je me sens moins seule d'un coup! A bas le macaron, trop sucré, souvent même pas bon... Et vive l'éclair au chocolat!

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  2. Hein, on est d'accord!
    (dit-elle... après avoir passé l'aprèm entier à enchainer les fournées de macarons...)

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  3. bon, alors, en bonne lorraine, j'ai envie de dire que les macarons de Nancy, c'est de l'original, du fondamental et que quand même ça tue un peu sa mémé en amande...
    mais bon, sinon, je suis à 100% d'accord et vote pour une fête du croissant au chocolat et de la part de flan!

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